Profil

Après plusieurs années passées à travailler comme médecin à Sofia en Bulgarie, le D^r Yordan Karaivanov avait envie de changer d’air et d’un nouveau défi. En 1995, animé d’un désir de pratiquer la médecine rurale, il contacte des hôpitaux ruraux un peu partout dans le monde pour leur proposer ses services de suppléance pour une période de six mois.

Une collectivité lui répond presque aussitôt. Ses représentants lui exposent longuement les avantages que procurent le travail et la vie au Labrador. Cette réponse l’impressionne et il sent qu’il sera très bien accueilli. Il décide donc d’accepter leur offre.

« Quand j’ai atterri à Goose Bay, il faisait -35 °C. Deux jours plus tard, je travaillais déjà aux urgences », confie-t-il. Aujourd’hui, lui et son épouse, qui est aussi médecin, sont fermement établis dans la collectivité de Happy Valley-Goose Bay.

Pendant qu’il travaillait dans une clinique de médecine familiale et enseignait la médecine à l’Université Memorial, le D^r Karaivanov a occupé de nombreux postes de direction : il a été président de la Newfoundland and Labrador Medical Association, membre du conseil d’administration de l’Association médicale canadienne et du Collège des médecins de famille du Canada, chef de département de la sécurité des patients et de la qualité des soins aux services de santé de Terre-Neuve-et-Labrador, et a siégé au conseil du Collège des médecins et chirurgiens de Terre-Neuve-et-Labrador.

Tout au long de son parcours, les besoins des familles rurales sont restés au centre de ses préoccupations.

« Il est franchement difficile de saisir la véritable portée de la pratique d’un médecin rural au Canada », déclare le D^r Karaivanov, ajoutant qu’en raison du peu de soutien dont les médecins disposent, il y a toujours des imprévus qui les obligent à sortir de leur zone de confort.

Pour le D^r Karaivanov, l’effort intellectuel considérable que requiert ce niveau de pratique est profondément gratifiant. Ce rôle exige du courage clinique, car les médecins doivent être assez sûrs d’eux pour prendre des risques mesurés qui viendront en aide aux patients qui ne peuvent pas attendre pour recevoir des soins. « On devient meilleur parce qu’on apprend sans cesse », affirme-t-il.

La moitié de la population de Happy Valley-Goose Bay est autochtone, et le D^r Karaivanov a eu le privilège de soigner plusieurs générations des mêmes familles. Pour le D^r Karaivanov, apprendre à bien connaître ses patients a été une « occasion extraordinaire ». De même, comme il connaît également les proches de ses patients, il peut mieux comprendre leur réalité et leurs besoins.

Le D^r Karaivanov se consacre également à des projets de recherche sur les problèmes de santé aigus auxquels sont confrontées les familles autochtones locales. Armé d’une compréhension intime du lourd fardeau que représentent les maladies chroniques au sein de ces communautés, le D^r Karaivanov tente de créer des solutions pour s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé qui contribuent à ces maladies.

Avec le recul, il regrette de ne pas s’être lancé davantage dans la recherche lorsqu’il a réorienté sa carrière à Goose Bay, même s’il a travaillé plus de 100 heures par semaine pendant les dix premières années. Néanmoins, il estime que faire de la recherche, tout comme prodiguer des soins, devient de plus en plus difficile dans les milieux ruraux, si bien que la création de réseaux et d’alliances est essentielle, même si elle prend du temps.

« J’encourage les jeunes médecins à s’impliquer dans la recherche et à renforcer leurs compétences en leadership », explique-t-il. « Cela peut aider de bien des façons, en vous permettant de rester impliqué dans sa pratique et en se donnant une plus grande crédibilité. »

Le D^r Karaivanov considère les expériences comme des occasions d’apprendre, et c’est cette perspective qui l’a incité à rejoindre le Conseil des médecins.

Il est convaincu que le Régime de retraite Medicus^MC est une avancée intéressante, car ses étudiants et ses collègues lui posent régulièrement des questions à ce sujet. Il croit également que comme la plupart des médecins n’ont pas accès à un régime de retraite à prestations déterminées, les possibilités de constituer une société et de bénéficier des services de Medicus sont plus nombreuses que jamais.

Cela fait maintenant près de 25 ans que le D^r Karaivanov est arrivé au Labrador. Son épouse est devenue une experte du trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale et dirige une clinique qui s’y consacre. Leur fille étudie à l’Université McGill et leur fils à Dublin, une ville située presque à la même latitude que Goose Bay. « Mais si l’on regarde l’isolement et les températures, » dit le D^r Karaivanov, « on peut se considérer comme le Nord. »