Profil

Née dans une région rurale de la Colombie-Britannique et élevée dans une région rurale de l’Alberta, la D^re Erika Mehl connaît bien la médecine des petites villes. « Je suis consciente qu’en raison de la géographie du Canada, il est impossible d’offrir des soins de façon réellement équitable », reconnaît-elle. « Les patients n’ont pas toujours accès à un médecin en cas de besoin. »

La D^re Mehl a obtenu son diplôme de la Faculté de médecine de l’Université de la Colombie-Britannique en 2013, et avait l’intention de poursuivre ses études en pathologie en raison de son intérêt précoce pour la recherche sur le cancer. « Pendant mes études, j’ai commencé à échanger avec des patients et leurs histoires m’intriguaient », a-t-elle précisé. « J’ai découvert que j’aimais la médecine familiale en côtoyant des superviseurs inspirants et compatissants; j’ai donc choisi de faire ma résidence en médecine familiale à Moncton. »

La D^re Mehl a terminé sa résidence à l’Université Dalhousie en 2015, après quoi elle s’est installée en Saskatchewan pour exercer la médecine dans la communauté nordique éloignée de La Loche. Pour se rapprocher de sa famille en Colombie-Britannique, elle a travaillé dans plusieurs communautés de Premières Nations avant d’éventuellement accepter un poste en milieu hospitalier au Langley Memorial Hospital.

Lors de ses différentes affectations dans les communautés rurales et éloignées de partout au pays, elle s’est régulièrement vue rappeler les déterminants sociaux de la santé. Souvent, les patients ne consultaient pas les spécialistes dans les centres urbains en raison de l’éloignement de leur famille ou de la garde de leurs enfants, des ressources nécessaires au déplacement ou d’inquiétudes en matière de discrimination à l’extérieur de la communauté.

Dans les communautés de Premières Nations, la D^re Mehl a senti que le traumatisme historique et continuel était souvent palpable dans ses interactions avec les patients. Elle a réalisé que lorsque le traumatisme n’est pas surmonté, il peut entraîner non seulement des troubles de santé mentale, mais aussi plusieurs problèmes médicaux. « J’ai souvent été complètement dépassée en tant que nouvelle médecin, mais ça m’a aussi ouvert les yeux. » Toutefois, elle s’est sentie inspirée et privilégiée de pouvoir être témoin de la résilience de ces communautés.

Avec le recul, la D^re Mehl pense que son travail dans les régions nordiques a été l’aspect le plus difficile, mais le plus gratifiant de sa carrière. « Il y a beaucoup à faire, j’avais vraiment l’impression de contribuer à quelque chose, d’aider les gens. »

La pandémie de COVID-19 a frappé peu après sa nomination à la présidence du personnel médical à Langley, et la D^re Mehl admet qu’elle n’était pas préparée à l’ampleur des enjeux politiques liés à la pandémie et aux mesures de santé publique. La COVID-19 a mis en lumière de nombreux problèmes systémiques négligés depuis trop longtemps, mais la D^re Mehl a aussi constaté les dommages collatéraux sur ses collègues et autres travailleurs de première ligne causés par la détresse morale sur leurs lieux de travail.

« On s’attend souvent à ce que les médecins soient invincibles, qu’ils se sacrifient pour leurs patients. Mais le sacrifice a eu de lourdes conséquences pendant la COVID-19 », déplore-t-elle.

Bien qu’elle constate que le bien-être des médecins est un sujet prédominant dans ses milieux de travail depuis la résidence, les interventions à un niveau supérieur sont lentes et les problèmes liés au système continuent d’accabler la profession. En particulier pendant la COVID-19, la D^re Mehl a été témoin des répercussions sur plusieurs de ses collègues – notamment au sein du personnel infirmier – qui ont quitté leur emploi, et elle a tenté de se faire porte-parole pour attirer l’attention sur cette crise qui s’aggravait. Dans le cadre de ce rôle, elle a siégé à de nombreux comités, à l’échelle locale et régionale, pour s’assurer de faire entendre la voix du personnel médical dans l’espoir de provoquer le changement des politiques qui touchent la sécurité psychologique et le bien-être. La pandémie aura permis de mettre au jour ces problèmes, ce qui est déjà un pas dans la bonne direction. Elle a depuis décidé de s’éloigner de son rôle de leadership pour son propre bien-être et de se concentrer à nouveau sur le travail clinique, et d’ajouter les soins de longue durée à sa pratique.

« En ce qui concerne l’épuisement professionnel, il faut abandonner cette étrange inertie, cesser de prétendre que tout va bien, si on veut prendre conscience de la gravité du problème plutôt que d’attendre qu’une crise éclate pour agir. »

La D^re Mehl a rejoint le Conseil des médecins de MD en raison de sa nature unique, pour avoir la chance d’entendre divers points de vue et opinions, et pour approfondir ses connaissances financières. Elle croit que la littératie financière est un élément de base essentiel pour les médecins, en particulier au début de leur carrière.

« Se débarrasser de ses dettes à une période de la vie où on essaie de bâtir une carrière n’est pas chose facile, car on ne sait pas où concentrer ses efforts, en particulier lorsqu’on fait cavalier seul », affirme la D^re Mehl, en faisant référence au remboursement des dettes, aux obligations familiales et à l’achat d’une première maison.

« Il y a plusieurs balles en jeu, donc la planification financière est l’aspect le plus important. »