Profil

Née et élevée au Cameroun, la D^re Hortense Nsoh Tabien a été orientée par sa mère vers une carrière en médecine dès son plus jeune âge : « Ma maman m’a raconté qu’une infirmière lui avait sauvé la vie quand elle était enfant », explique-t-elle. « Depuis ce jour-là, elle a voulu être médecin, mais elle est finalement entrée dans la police. »

La médecine a toujours été perçue comme une profession humble dans la famille de la D^re Tabien et comme une occasion de donner à la communauté. « Mes parents m’ont envoyée étudier en Italie, mais malheureusement j’ai été victime de racisme là-bas », confie-t-elle. Après l’obtention d’un diplôme en médecine à l’Université de Milan et le début de sa résidence en chirurgie, elle décide de quitter le pays pour aller exercer ailleurs.

Encouragée par un membre de sa famille au Canada, la D^re Tabien émigre à Saskatoon, où elle se sent la bienvenue. Elle obtient son doctorat en anatomie et biologie cellulaire à l’Université de la Saskatchewan, et se trouve un mentor en la personne du doyen de la faculté de médecine. « Il m’a dit que la santé publique et la médecine préventive me correspondaient bien et m’a encouragée à me présenter au programme de résidence. J’ai alors réalisé que je pouvais contribuer à changer les choses à grande échelle et travailler avec la communauté. » Pendant sa résidence, elle obtient également une maîtrise en santé publique auprès de l’Université de la Saskatchewan.

Aujourd’hui, elle est médecin hygiéniste pour l’Autorité sanitaire de la Saskatchewan. Ses domaines de prédilection sont la famille, les immigrants, les réfugiés et la santé des femmes.

« En tant que médecin de santé publique, j’ai pour tâche principale de mettre en place des changements à grande échelle », explique la D^re Tabien. À propos de son travail sur la réduction des risques pour les toxicomanes, elle dit que la première étape consiste à reconnaître les difficultés liées à la diminution de la consommation de drogues. « Nous avons travaillé avec différents partenaires afin de mettre sur pied les programmes de réduction des risques, tout en tenant compte des personnes qui ont réellement besoin de ces services. »

La planification et les recommandations des programmes de la D^re Tabien l’ont aussi amenée à des réalisations importantes dans la santé de la mère et de l’enfant. « Pour soutenir l’allaitement, j’ai travaillé sur un programme qui offre un accès à des dons de lait humain », dit-elle. « Pouvoir collaborer avec différents partenaires et partager le même objectif et la même motivation, c’est extrêmement enrichissant. »

La pandémie de COVID-19 a exacerbé les difficultés auxquelles les médecins de santé publique font face en fournissant à la population des services et des recommandations nécessaires : « C’était gratifiant de contribuer à la gestion des éclosions au début de la pandémie, grâce à nos recommandations de santé publique visant à prévenir la propagation », explique la D^re Tabien. « Mais c’est devenu très stressant avec la progression de la pandémie et de la désinformation, qui a poussé certaines personnes à remettre en question nos recommandations. »

Elle est reconnaissante envers ses amis, ses voisins et tous ceux qui comprennent l’importance du travail des médecins de santé publique et qui l’ont soutenue pendant cette période difficile.

La pandémie a mis en évidence un autre domaine négligé qui tient particulièrement à cœur à la D^re Tabien : la santé des médecins et le danger de faire passer le travail avant son bien-être.

« Être capable de reconnaître l’épuisement professionnel et de demander de l’aide est un gros problème, car on pense que c’est à nous de prendre soin des autres et non le contraire », explique-t-elle. « L’épuisement professionnel n’est pas un mythe et c’est dès la faculté de médecine que nous devons en prendre conscience. Être médecin c’est enrichissant, mais aussi stressant, et c’est important d’apprendre à bien gérer ça. »

Son envie d’aider les autres médecins a motivé la D^re Tabien à se joindre au Conseil des médecins de MD. « Un des éléments clés pour les médecins en début de carrière est de savoir comment se bâtir un patrimoine », poursuit-elle en expliquant comment un conseiller de Gestion MD limitée* a passé de nombreuses années à l’encourager à placer son argent et à se constituer un patrimoine.

La D^re Tabien voit le lien entre le bien-être personnel et la planification financière, ainsi que les plus gros problèmes qui entourent la santé et la longévité des médecins. « Il y a toujours d’autres priorités, mais j’ai appris qu’il vaut mieux s’y prendre à l’avance pour planifier sa retraite », confie-t-elle. « Nous ne prenons pas toujours le temps de penser à ce dont nous aurons besoin dans l’avenir, mais c’est important de le faire. »